Plaidoyer pour une réindustrialisation papetière française et l’utilisation des papiers et cartons, collectés et triés en France

Les entreprises adhérentes de la FNADE sont engagées de longue date dans le développement d'une économie circulaire des papiers et cartons.

Le recyclage des papiers et cartons a toujours été dynamique en France et grâce à la mise en place, en 1992, de la collecte sélective des déchets d’emballages ménagers (bac jaune), il s’est développé. Parallèlement, les industriels de la gestion du déchet ont investi afin de d’accroitre un maillage pertinent de centres de tri performants, indispensables à un recyclage de qualité des papiers et cartons.

Depuis quelques années, la digitalisation de l'économie entraîne une baisse des usages graphiques, cependant compensée par une augmentation des papiers d'emballage. Mais malgré ces transferts d’usage des papiers et des cartons, la baisse de production des papiers cartons a diminué en France de 32% en 20 ans, passant de 10Mt produites en 2000 à 6.8Mt en 2020.

Des matières recyclées exportées, faute d’une industrie incorporatrice nationale.

Malgré ces efforts, les entreprises doivent se retourner vers les marchés Export et notamment les pays asiatiques, du fait de la situation excédentaire de l’Europe, pour écouler une partie des papiers-cartons recyclés produits. En effet, le développement des échanges internationaux fait que la France importe massivement des biens de consommation emballés dans du carton, qui sont déballés en France, créant un excédent de papiers-cartons. Or, notre industrie papetière française n’a plus la capacité d’absorber l’intégralité du gisement.
Ainsi, depuis de nombreuses années, la France est devenue excédentaire sur sa production de papiers cartons issus du recyclage, les entreprises du déchet sont contraintes d’exporter cet excédent faute de pouvoir trouver des débouchés nationaux. Aujourd’hui, les usines papetières implantées en France ne consomment que 74 % des matières collectées/triées.
Cette situation, regrettable, corollaire de la désindustrialisation peut, et doit, selon la fédération, être rapidement corrigée pour accroître l’économie circulaire en France.

Le soutien et le développement de l’industrie papetière Française, un axe stratégique.

Si de nombreuses mesures existent aujourd’hui pour favoriser le recyclage (consignes de tri, filières REP, tri 5 flux…), il nous semble essentiel de soutenir aussi le développement de la consommation de ces matières par une industrie française.
Nicolas Bequaert, Président du Collège Recyclage de la FNADE souligne : « Si des mesures existent aujourd’hui pour favoriser en amont le développement du recyclage, il est primordial de ne pas oublier l’aval de la filière en soutenant une industrie française consommatrice de matières premières de recyclage. »

Afin de ne pas ruiner les efforts engagés en faveur du recyclage, il nous semble urgent de soutenir toutes initiatives permettant de développer la réincorporation des matières recyclées en France et notamment :

● Nous nous réjouissons de la décision du groupe VPK de construire une usine de production de papier d’emballage sur le site d’Alizay (27). Nous appelons à la mobilisation des parties prenantes pour la réussite de ce projet industriel.

● Nous considérons qu’il est urgent de trouver pour le site de Chapelle-Darblay un projet papetier viable. La FNADE estime qu’il est de la responsabilité des pouvoirs publics et des acteurs de s’unir pour trouver un repreneur. En effet, la fermeture de l’usine de Chapelle-Darblay en juillet 2020 démontre que la France doit intensifier ses actions pour sauver l'outil industriel existant en favorisant les projets nationaux (usine française produisant du papier journal 100 % recyclé). Cette usine, qui consommait 280 000     tonnes/an de papier à désencrer journaux, magazines, imprimés publicitaires, lutte aujourd’hui pour reconstruire un projet alternatif.    

● Le projet BOX de l’usine de Norske Skog à Golbey (88) doit également recevoir un soutien massif de la part des industriels et des pouvoirs publics. Le projet a pour but de modifier l’outil de production de l’usine afin de répondre à la demande croissante de papiers d’emballage et de passer à 100% de fibres recyclées. Cette adaptation permettrait de pérenniser le site et les 350 emplois actuels en produisant 330 000 tonnes de papier journal et 550 000 tonnes de papier d’emballage à partir de déchets de papiers-cartons.

La FNADE soutient les industriels et les initiatives qui développent la filière papetière française. Alors que se manifeste une volonté d’accroitre l’économie européenne du recyclage, il semble important que la France affirme sa place et développe ses capacités, permettant ainsi d’utiliser son propre gisement de matières ; Avec de réelles impulsions politiques et industrielles conjointes, la France pourrait devenir un acteur incontournable de la production papetière en Europe.

La FNADE, Fédération Nationale des Activités de la Dépollution et de l’Environnement, est l’organisation professionnelle représentative de l’ensemble de la filière déchets. Avec 232 entreprises privées adhérentes qui exercent dans le domaine de la gestion des déchets, elle représente 48 247 salariés en France. 9,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 808 millions d’euros d’investissement. Elle est membre de la Fédération Européenne des Activités de la Dépollution et de l’Environnement (FEAD).